Révolution tunisiennne
Force est pour le destin de répondre,
Force est pour les ténèbres de se dissiper
Force est pour les chaînes de se briser…
Aujourd’hui les Tunisiens donnent à sa fantaisie poétique l’une des plus belles productions qu’elle peut avoir, la révolution de la dignité en Tunisie.
Il y a trois mois, personne n’aurait cru que Ben Ali pourrait un jour ‘dégager’ de la Tunisie ou du pouvoir. Même les plus informés de l’establishment ou les plus illuminés des analystes n’auraient pas imaginé un tel scénario. On croyait que les fils du règne de ce dictateur affranchi étaient tellement bien noués et étendus que personne n’aurait s’aventurer dans une entreprise que l’on estimait perdue d’avance. La famille Trabelsi et, à moindre égard, la famille Ben Ali ont pu mettre sous leur tutelle et à leur service une bonne partie des ressources humaines et matérielles du pays. Ceci, bien sûr, sous le pouvoir protecteur du président déchu et avec la bienveillance de tous les services de sécurité et des membres des différents gouvernements qui se sont succédés au pouvoir, depuis 1987.
Certains disaient, avec une ironie amère, que Ben Ali lui-même serait étonné de l’ampleur du dommage qu’il a pu causer à l’esprit des Tunisiens, et du degré d’asservissement que ces derniers sont devenus capables d’endurer. La situation serait pire pour les enfants du changement, ces jeunes qui ont grandi dans les cafés, les clubs et les stades de football. Mais, à la surprise générale, le miracle a eu lieu, et ce sont ces jeunes, que la Tunisie entière croyait conquis, à jamais, par le football et le désintérêt et acculés à la marge, qui l’ont créé. Ce sont ces jeunes que la majorité des Tunisiens trouvait insolents, ratés et têtes vides qui ont fait tomber l’un des régimes les plus sanguinaires de l’Afrique et du Moyen-Orient. Leur réalisation est d’une ampleur qui dépasse les limites de toute analyse sociopolitique qui la réduirait à une révolte contre la pauvreté,