Sciences de la vie
Ces cigognes paresseuses

Après tout, les hivers ne sont plus aussi rudes qu’avant et depuis quelques années les rivières regorgent de nourriture. Alors, à quoi bon se lancer dans un long voyage, bien souvent dangereux et incertain ? A peu de choses près, c’est sans doute ce que doivent se dire les cigognes blanches du Portugal. En effet, ces oiseaux migrateurs, menacés de disparition dans les années 80, se fixent de plus en plus au sud du pays et ne migrent plus vers l’Afrique à la fin de l’été, comme de coutume.

Aujourd’hui les ornithologues dénombrent quelque 7700 couples de cigognes blanches au Portugal (contre1500 en 1980), la majorité d’entre eux semblent se sédentariser. Ce phénomène se produit depuis le début des années 90. Autrefois, ces oiseaux migraient de la fin de l’été au mois de février vers l’Afrique subsaharienne, une région actuellement frappée par une importante sécheresse.

Pour les spécialistes portugais plusieurs facteurs expliquent ce changement ; le réchauffement climatique, bien sûr, rend les températures hivernales tout à fait acceptables. Mais l’abondance d’aliments est tout aussi favorable : « il y a quelque années on a introduit des écrevisses dans les rivières portugaises, si bien que les cigognes trouvent désormais de quoi se nourrir tout l’hiver » explique un membre de la société SPEA. Autre argument, Les cigognes préfèrent souvent les pylônes et les poteaux électriques, plus stables que les arbres, pour faire leur nid, qui peut peser plusieurs centaines de kilos. "Le nombre de poteaux électriques a beaucoup augmenté ces dernières années dans la campagne portugaise", souligne M. Martins, responsable de l'association de défense de l'environnement Quercus.
En revanche la cigogne noire est peu présente au Portugal: une centaine de couples tout au plus, selon Quercus. "La cigogne blanche s'adapte beaucoup plus facilement à l'environnement", selon M. Martins.

Joël