Situation problème
Interview de Philippe Meirieu
Vingt ans après
C’est dans Apprendre… oui mais comment, dont la première édition date de 1987, que Philippe Meirieu a formalisé le concept de situation-problème auquel il consacre, à la fin de l’ouvrage, un guide méthodologique détaillé. Vingt ans après, Échanger a souhaité recueillir un avis d’expert sur l’évolution de cette notion pédagogique, son adoption, voire son adaptation, dans le système éducatif français, ainsi que sur les résistances auxquelles se heurte sa mise en œuvre.
Congrès du 17e Salon national Pédagogie Freinet, organisé par l’Institut coopératif de l’école moderne, le 28 mars 2007
Propos recueillis par M. Blin et J. Perru auprès de P. Meirieu
Échanger : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la notion de situation-problème ? P. Meirieu : Faisons un bref retour en arrière pour signaler qu’au moment où j’avais travaillé sur les situations-problèmes, en particulier dans cet ouvrage, il existait des recherches relatives à cette notion. En vérité, les premiers travaux sur les situations-problèmes, sous la forme où je les conçois, datent des années 45-60, dans la mouvance de la psychologie cognitive piagetienne. Même si celles-ci ne portent pas toujours ce nom, elles renvoient à une structure invariante caractérisée de manière ternaire par le projet, l’obstacle et les ressources avec, toujours, au cœur du dispositif, un obstacle qui n’est pas forcément repérable par l’élève mais qu’il convient que celui-ci franchisse pour acquérir ou réinvestir une notion. Cette idée se rencontre chez Piaget dans les années cinquante et même, déjà, de manière moins formalisée mais presque identique, chez des penseurs de “l’Éducation nouvelle” dans les années trente, tel Claparède. Si l’on remonte encore dans le temps, la matrice de la situation-problème se trouve dans le livre II de L’Émile de Jean-Jacques Rousseau. Celui-ci explique comment il a amené l’enfant