Spendeurs et misère du travail - alain de botton
Alain de Botton a choisi d’inscrire son ouvrage dans les pas d’Honoré de Balzac et plus particulièrement de « Splendeurs et misères des courtisanes » qui clôt « La Comédie humaine ». Il se place aussi dans le sillage du journaliste et romancier James Agee et de son ami photographe Walker Evans : co-auteurs de « Louons maintenant les grands hommes », chronique de la vie de métayers d’Alabama lors de la grande dépression des années trente. L’auteur ouvre son propos par une remarque apparemment anodine : « Il y a deux ou trois siècles, nos ancêtres connaissaient l’histoire et l’origine précise de presque chacune des choses peu nombreuses qu’ils consommaient et possédaient, ainsi que des gens et des outils qui les produisaient. Nous sommes maintenant […] déconnectés de la fabrication et de la distribution de nos biens de consommation […] un processus d’aliénation nous a privés de myriades d’occasions d’émerveillement, de gratitude et de sentiment de culpabilité. » (p. 43) Pour nous faire accéder à cette perte qui nous rend de moins en moins humains, Alain de Botton nous conduit dans un voyage planétaire au cœur du travail. Journaliste et philosophe suisse vivant à Londres, il commence son périple par l’observation du ballet des porte-conteneurs remontant la Tamise et des semi remorques venant prendre en charge leurs cargaisons. Suit l’histoire de la pêche d’un thon dans les eaux des Maldives. En cinquante-six heures, il sera capturé, dépecé, conditionné, chargé dans un jet avant d’arriver dans l’assiette de Sam, un garçonnet anglais de huit ans. Ce chapitre, construit comme un photoreportage, allie un regard ethnométhodologique pour nous présenter les gestes précis des femmes et des hommes au travail et une analyse socioéconomique. Celle-ci nous fait ainsi accéder aux logiques des