Spleen de paris
Perte d’Auréole (poème XLVI)
La forme
Les degrés de l’ironie
Ce poème en prose appartient à une veine symbolique et fantastique bien représentée dans le recueil. Il reprend des éléments un bref passage de « Fusées », écrits intimes dans lequels Baudelaire évoque dans des termes très proches la chute de son auréole, tombée dans la boue de la rue. Hallucination, intuition mystique ? Dans ce poème, Baudelaire donne à l’idée un développement plus large et surtout plus ironique. Le poème est présenté sous une forme dialoguée ; on étudiera dans un premier temps l’intérêt et la signification de ce choix stylistique. L’analyse des tons formera le second axe. Une forme dialoguée
Un texte en forme d’énigme : Un texte présente une conversation entre deux personnages non identifiés. Comme au théâtre, les répliques sont donc introduites par des tiretes, mais en l’absence de didascalies, on ne sait qui parle. En outre, il s’agit d’un début in medias res, c'est-à-dire que l’action est déjà commencée avant le début du texte. Au lecteur de deviner le lieu et la situation respective des deux interlocuteurs. Le premier interlocuteur joue un rôle mineur : il n’est qu’un faire-valoir du second, qui s’impose comme le héros de ce bref récit. Désigné par des périphrases littéraires, comme « le buveur de quintessences »(l.2) ou « le mangeur d’ambroisie »(l.3), on comprend qu’il s’agit d’une créature idéale, un poète doublé d’un être supérieur vertueux. L’auréole est un symbole d’élection, elle signale dans l’iconographie chrétienne les saints ; les élus de Dieu. Pourtant, autre énigme, après la perte de son auréole, ce personnage se retrouve ravalé au même rang que « les simples mortels »(l.14), mais se satisfait tranquillement de cette situation.
La théâtralité : Dans cette brève saynète, la composition souligne les éléments dramatiques. La première réplique met en scène la stupéfaction du personnage quand il trouve son interloceur dans « un