Stoïcisme et mort volontaire
L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité a choisi une dénomination chargée de questionnements possibles. Le droit suppose une liberté et une légitimité, et mourir dans la dignité implique qu’il puisse y avoir une vie indigne. Les Stoïciens furent fondamentalement préoccupés par le problème posé ainsi. De Zénon de Citium vers 300 av.J.C .à Montaigne entre autres, en passant par Cicéron, Epictète, Marc Aurèle ou Sénèque, tous revendiquent la liberté de se suicider, un droit exclusif du sage, non pas pour fuir la douleur mais au nom d’une valeur, celle de la vie bonne qui peut se rapprocher d’une certaine idée moderne de la dignité et du sens à donner à sa vie.
Le suicide est une anticipation consciente, volontaire de la mort qui est inscrite au cœur du vivant. Il est spécifique en tant que tel à l’être humain. Les stoïciens ont proposé des justifications sont elles encore valables aujourd’hui ?
Qu’est ce que n’est pas le suicide stoïcien ? Qu’est ce qu’il est ? Quels problèmes pose-t il à la conception du monde contemporaine ?
A- Ce qu’il n’est pas
1) Il n’est pas un rejet des souffrances personnelles
Le sage accepte les épreuves de la vie. La souffrance, le mal que nous éprouvons ne sont que des erreurs de notre jugement, de l’incompréhension de la loi supérieure divine, elle, qui régit le monde au mieux.
« La maladie est une entrave du corps, non de la volonté…La claudication est une entrave pour la jambe, non de la volonté. Dis toi cela à chaque accident, tu t’apercevras qu’il est une entrave pour quelque autre chose, mais non pour toi » (Epictète, Manuel n°9)
« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur les choses…L’ignorant accuse les autres de ses malheurs. L’homme qui commence à s’instruire s’accuse lui-même. L’homme rompu à la philosophie n’accuse ni un autre ni lui-même » (Epictète Manuel