Survie contre vents et marées
Journaliste
Bien que résidant-amoureux du centre-ville d'Athènes depuis plus de vingt ans, ma relation avec les quartiers défavorisés de la zone, dits «sauvages», a été superficielle.
Un tour en dessous de la rue Acharnon, à Sepolia ou à Metaxourgio considéré en début des années 90 comme un quartier exotique, a été pour moi l'occasion de me faire passer par moments pour quelque héros romanesque des années 50, ou alors d'assister à une représentation théâtrale dans un des théâtres alternatifs de la région.
Tous les dimanches, se créent peu à peu des liens plus étroits avec un des quartiers les plus éloignés du centre-ville, celui de Kolonos. C'est là que dans un des immeubles délabrés de la région, parmi les garages et les humbles maisons des réfugiés, fonctionne l'Ecole Dominicale des Immigrés: une initiative d'immigrés et de bénévoles pour l'apprentissage gratuit de la langue grecque, adressée aussi bien à des réfugiés qu'à des Grecs analphabètes.
Dès le premier jour de mon arrivée à l' «école», avec l'ambition du professeur bénévoles, j'ai été confronté à l'ampleur et la force de cet effort. Rien qu'à observer le travail effectué par l'équipe des bénévoles (psychiatres, enseignants, étudiants...) qui y travaillent gratuitement, en silence ces dernières années, on se rend compte de l'importance profondément politique de cette initiative.
En montant les marches usées des escaliers de ciment nus, on rentre dans des salles de cours improvisées, séparées par des cloisons en contreplaqué et en fixant les apprenants, on sait qu'on ne peut pas prétendre jouer au philanthrope.
Les mains d'immigrants
Soudain, toutes les analyses faites et les films tournés sur l'immigration, le scepticisme européen concernant la société multiculturelle dans les pays Occidentaux, les controverses et la polémique des partis politiques à ce sujet s'écroulent.
On est confronté à des regards pénétrants, à la vie même dans son sens extrême. On ne peut pas se