Théorie générale du droit
La justice a toujours passionné le public, par son cérémonial autant que par le sentiment primaire de curiosité que font naître les affaires traitées, notamment lorsqu’elles sont de nature pénale. Cet engouement du public est né bien avant l’expansion des grands médias audiovisuels, et le développement de la télévision dans les foyers. Avec la multiplication des récepteurs, le nombre d’émissions ayant pour cadre la retranscription de la réalité judiciaire n’a cessé de croître, porté par le désir du public de ne pas être tenu éloigné des prétoires. Ce phénomène a pris une importance considérable, au point que certains documentaristes filment les audiences avec l’accord de leurs protagonistes, mais en violation manifeste de la loi. En effet, la loi du 11 juillet 1985 constituant le droit positif actuel, dite Loi Badinter, encadre avec une extrême rigueur la fixation, et plus encore la diffusion, des images d’audiences de justice. Nombre d’enregistrements sont donc effectués aux limites des règles légales, d’autres le sont en parfaite violation de la loi. Cette situation devrait provoquer de vives réactions de la part des acteurs du monde judiciaire et notamment du conseil national de la magistrature, mais il n’en est rien : le récent film de Raymond Depardon, 10ème chambre, instants d’audience, a ainsi pu être projeté en sélection officielle lors du festival de Cannes, sans que jamais la question de l’illégalité de l’enregistrement des audiences n’ait été soulevée. Le paradoxe est donc immense entre une justice globalement close aux médias, et la diffusion croissante d’émissions et de documentaires traitant d’affaires judiciaires, que l’on qualifiera par souci de simplification sémantique de chroniques judiciaires. Il grandit encore lorsque la télévision dépasse parfois son rôle d’informateur du public pour tenter de devenir un acteur actif du monde judiciaire, un informateur de la justice. Tel a été le cas d’émissions telles que Témoin n°1, dont