Un sonnet avec la manière de s'en servir
Le sonnet est la forme poétique fixe la plus répandue. De nombreux auteurs se sont pliés à ses contraintes alors que d’autres les ont joyeusement dépassées. Nous avons ici un sonnet de Tristan Corbière intitulé : « Un sonnet avec la manière de s’en servir », publié en 1873 dans son recueil Les Amours jaunes. Le poète s’amuse à parodier cette forme fixe qu’est le sonnet, dont il rappelle les règles. Comment procède-t-il pour détourner cette forme ? Nous étudierons d’abord le respect du titre dans le poème, puis le jeu poétique de l’auteur, et enfin la satire du formalisme.
« Un sonnet avec la manière de s’en servir », Tristan Corbière
Le respect du titre dans le poème
Le rappel des règles au sein même du poème
Le titre du sonnet met en valeur la forme de «mode d'emploi» du sonnet.
Tout en se moquant, Corbière reprend les contraintes : "pied uniforme (V.1), par quatre en peloton (V.2), césure (V.3), à chaque pieu, la rime (V.7), 4 et 4 (V.12), 3 et 3 (V.13), lyre (V.14)".
Impératif vers 6.
Le respect de la forme par le poète
Ce sonnet de Corbière respecte apparemment les règles, sauf par l'usage de vers impairs : 8,9,11,12. Cependant, Corbière installe peu à peu son jeu poétique dans le but de réaliser la satire du formalisme.
Le jeu poétique
Les jeux de mots Cependant, on ne peut pas parler de ton lyrique. La forme est là, mais pas le fond. Corbière dénature volontairement les grands thèmes de la poésie classique: "le railway du Pinde, railway, anglophone, moderne, en opposition avec Pinde (le Pinde étant une montagne grecque dédiée aux dieu de la poésie dan l'Antiquité), chloroforme, télégramme sacré, ô Muse d'Archimède, la preuve d'un sonnet est par l'addition". Le registre de langue est peu soutenu : "ça peut dormir debout, ô délire". L'emploi de chiffres est assez surprenant et "casse" l'emphase éventuelle.
Corbière place le mot «césure» à la césure → accentuation du comique.
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