Ying chen
Sino-Québécoise, la romancière Ying Chen, née à Shanghai en 1961, a étudié en Lettres françaises au Québec. Elle y a vécu pendant plusieurs années et y a eu deux enfants. De Vancouver où elle habite maintenant, elle vient de publier Un enfant à ma porte, son neuvième roman dans la langue de Molière.
Ying Chen est partie de sa Chine natale en 1989 et elle vient de s’en rapprocher en déménageant des Cantons-de-l’Est à Vancouver, dont elle dit que c’est «la banlieue de la Chine». «En vieillissant, dit-elle, j’ai envie de retourner vers mes racines et ma famille le plus souvent possible.»
Depuis dix ans, pour rendre plus légère la nostalgie de sa terre natale, elle s’est mise à écrire. Ses romans sont des condensés d’écriture minutieuse, fignolée à l’extrême.
Ying Chen n’en est pas moins dérangeante. Avec Un enfant à ma porte, elle porte un dur coup au concept de la maternité, le tourne dans tous les sens et le remet en question.
«Ce qui m’a intéressée, c’est la contradiction qui peut se glisser dans le cœur d’une mère. Dans la majorité des cas, on sait que les femmes sont là pour mettre au monde les enfants et ce sont elles, généralement, qui les élèvent. Mais il s’agit d’être parents pour reconnaître combien les enfants peuvent être perturbants et provoquer chez leurs mères un réel désarroi et les mettre dans des états incroyables.»
BELLES HISTOIRES
«Sur la maternité, continue-t-elle, il y a des milliers d’écrits. Très peu, par contre, s’attardent au côté sombre. Nous ne lisons que de belles histoires là-dessus.» La romancière met en lumière la complexité de la responsabilité et de l’affection maternelle.
«Il me semble, remarque-t-elle, qu’il existe un tabou autour de cet état. Dans la vie moderne où tous courent pour voir à chaque détail du quotidien, c’est lourd. Il y a beaucoup à faire. Les femmes seules ayant des enfants n’ont pas de soutien. C’est impossible de tenir!»
Ying Chen considère que c’est le