Texte : Aujourd’hui je n’ai pu terminer la prière du crépuscule à ma guise : des hurlements venus de la rue m’ont fait bondir de la natte ou j’étais assise .debout sur la véranda ,je vois arriver mes fils Alioune et Malick en pleurs.ils sont dans un état piteux : habits déchirés ,corps empoussiérés par la chute ,genoux sanguinolents sous la culotte ;une échancrure fend largement la manche droite du tricot de Malick ;du même coté ,le bras pend lamentablement .l’un des gosses qui les soutiennent m’explique » :« Un cyclomoteur et son conducteur ont renversé Malick et Aioune. Nous jouions au football. » Un jeune homme s’avance ,cheveux longs, lunettes blanches ,gris-gris au cou.la poussière grise de la rue maquille son ensemble « jean » Malmené par les gosses dont il est la cible ,une plaie rouge à la jambe ,le voici visiblement gêné par tant d’hostilité .Avec un accent et des gestes polis qui contrastent avec sa mise débraillée ,il s’excuse : « j’ai vu trop tard les enfants ,en tournant à gauche ,je croyais accéder à une voie libre dans cette rue à sens unique. » « …je n’imaginais pas que les enfants y avaient un terrain de jeux .j’ai freiné, inutilement .j’ai buté sur les pierres qui délimitaient la place du goal .j’ai entrainé dans ma chute vos deux fils ainsi que trois autres garçonnets.je m’excuse. » Le jeune homme au cyclomoteur me surprend agréablement