E-commerce
Commerce électronique : ce que disent les chiffres et ce qu'il faudrait savoir
Éric Brousseau*
Le recensement des études quantitatives sur le commerce électronique et ses effets débouche sur un constat d'importantes lacunes dans la connaissance des mutations en cours. La nouveauté de certaines applications liées à Internet et la rapidité des évolutions ne sont pas seules en cause. La focalisation sur le mythe de la réalisation d'un marché parfait sur les réseaux numériques – et, partant, sur la commande en ligne – explique plusieurs limites dans l'appréhension et la mesure du phénomène. Or, trois phénomènes majeurs doivent être soulignés. D'abord, le commerce électronique ne procède pas de l'Internet. Il s'est développé à partir d'autres technologies et plusieurs de ses formes continueront de reposer sur d'autres réseaux que l'Internet. Ensuite, de nombreux systèmes électroniques ne sont pas destinés à prendre en charge l'intégralité des opérations composant une transaction. Les réseaux numériques sont l'un des canaux par lesquels certaines opérations commerciales sont réalisées en conjonction avec le recours à d'autres canaux. En fonction des opérations prises en charge, différents types de commerce électronique aux effets contrastés se développent. Enfin, dans de très nombreuses situations, les réseaux numériques sont utilisés pour différencier les services et discriminer les consommateurs, plus que pour construire des marchés plus transparents. Les observatoires du commerce électronique gagneraient donc à mettre au point des évaluations plus fines des usages concernés par l'électronisation et des logiques des systèmes mis en place. Ces évaluations renseigneraient sur les modalités contrastées d'électronisation du commerce dans les différentes composantes de l'économie.
* Éric Brousseau est professeur à l'Université de Paris X, Forum & Atom. Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET