L’ « anthropologie structurale » de claude lévi-strauss, entre universalisme et relativisme
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Le structuralisme, dès les années soixante du siècle dernier, et pendant quelques décades, a régné presque sans partage dans la culture européenne, et même au-delà. Si cet avatar du scientisme du dix-deuxième siècle a pu faire figure de nouveauté, il faut dresser un bilan, même limité, des acquis durables de la doctrine, concernant l’“anthropologie structurale”; notamment, depuis que le structuralisme a franchi le seuil de la mode et que l’on parle d’une ère post-structuraliste, le moment se prête davantage à une réflexion philosophique et critique. En effet, le panorama philosophique d’aujourd’hui diffère nécessairement de celui de la pensée dominante des dernières décades. On dirait même que le structuralisme a joui d’autant de faveurs que l’existentialisme ou la phénoménologie auparavant. Le langage même s’est développé avec un changement significatif: règles, codes, systèmes, structures, inconscient, relations, etc., semblent effacer du vocabulaire philosophique des termes comme sujet, conscient, histoire, sens, etc.
I. LA QUESTION ANTHROPOLOGIQUE:
A/ Au niveau de la méthode:
Or, Lévi-Strauss a dit, à plusieurs reprises, que c’est en empruntant à la linguistique ses acquis qu’il a développé sa méthode d’analyse; en effet, ce sont les linguistes issus de l’École de Prague qui ont fait les progrès les plus considérables dans le structuralisme et qui y étaient à l’avant-garde: ils ont montré à quel point chaque élément ne peut être saisi que par son rapport aux autres éléments et selon des liens d’opposition; l’idée généralement admise était que la linguistique structurale, par une méthodologie qui fait de la langue une entité autonome se prêtant à l’analyse scientifique, s’est constituée comme une science rigoureuse, sur laquelle les autres disciplines, appartenant au domaine des sciences de l’homme, feraient bien de se modeler.
Lévi-Strauss montre comment l’anthropologie peut reprendre à son compte les percées de la linguistique, particulièrement de