L'accent
Qui dans tous ses états l’âme est embrasée
De la colère, transport incendiaire aux flammes tentacules
Frémissantes au vent rétif d’une raison braisée
De la tristesse, lassitude désarmée sans le moindre émule
Qui fait du rêve une terre inculte et abrasée
Des suppliques, basses effluves sans le moindre recul
Digne Courage bafoué et échine fière mais brisée … !
Tonique l’émotion s’imprègne de belles évocations lyriques
Mais, point d’attribut qui soit à ce point fidèle
Pour incarner l’essence d’un sentiment réel
Qui se défend vainement de la tyrannie métrique.
Inflexions en syllabes affectées mais guère innocentes
La parole est amante rebelle d’une vieille citadelle
Langue en Cristal aux mille facettes et figures fluorescentes
Où se reflètent, guère fidèles, ces impressions confiés à la chandelle
Ou ces évidences lumières et leurs ombres adjacentes
Ou ces confidences simulacres érigées en modèles
Ou ces remontrances salées et ces afflictions indécentes
Ou ces outrances feintes qui éclatent de plus belle… !
L’amante rebelle s’incline à toutes les envies pressantes
Et s’offre au maitre esprit à la fois reine et servante,
L’accent n’a désormais point de mise inique !
En laisse la voix cabre au gré d’une humeur chevauchée
Et tu l’accentues grave quand elle épanche sa souveraine vigueur,
Affranchie gambadant à l’infini et guère harnachée
Et tu la juges aigue quand le mors souverain dans sa pleine rigueur
Cabre la parole excitée, ce bel étalon dont l’élan est fauché !
Et quand perplexe ne sachant point remédier à sa langueur
Tu la coiffes de cet air suspect, circonflexe, effarouché
Et pourtant tu sais ! Ce bel étalon cette humeur
Est de la parole débridée cette voix bel et bien écorchée
Qui n’a point besoin d’un accent