L'affaire poussin - exposé écrit pour un séminaire
L’article 1110 du Code civil déclare: « L’erreur n’est une cause de nullité de la convention que lorsque’elle tombe sur la substance même de la chose qui en est l’objet. [...] » Plutôt que de grands arrêts, il serait plus exact de parler, à propos des décisions ci-dessus reproduites, d’une grande affaire. L’affaire Poussin est devenue progressivement une véritable « anthologie » de l’erreur vice de consentement[1]. Le 21 février 1968, les époux Saint-Arroman vendent aux enchères publiques un tableau que leur tradition familiale donnait comme dû au pinceau de Nicolas Poussin. L’expert attribue la toile à l’école des Carrache, elle est inscrite comme telle au catalogue de la vente. Les musées nationaux exercent leur droit de préemption, puis exposent le tableau au Louvre comme une œuvre originale de Poussin. Dans ces conditions, les vendeurs agissent en nullité de la vente pour erreur sur la qualité substantielle de la chose vendue. Le tribunal de grande instance de Paris, le 13 décembre 1972, admet la nullité de la vente sur le fondement de l’erreur, au motif que les époux Saint-Arroman n’auraient pas accepté la mise à prix telle qu’elle avait été fixée, s’ils avaient sérieusement pu penser qu’il s’agissait d’un Poussin. La cour de Paris, le 2 février 1976 rejette, au contraire, la demande en considérant que la preuve de l’erreur n’est pas rapporté parce qu’il n’est pas démontré que le tableau ait été exécuté par Poussin. L’arrêt est cassé par la première Chambre civile, le 22 février 1978 : les juges d’appel n’ont pas légalement fondé leur décision, car ils n’ont pas recherché « si, au moment de la vente, le consentement des vendeurs n’a pas été vicié par leur conviction erronée que le tableau ne pouvait pas être une œuvre de Nicolas Poussin ». Sur renvoi, la cour d’Amiens, le premier