L'esthétique de la violence chez littel

2073 mots 9 pages
L'expression et le concept de la banalité du mal, largement repris depuis, nous a été proposé par Hanna Arendt en 1963 dans Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal. En s'appuyant sur le procès d'Adolf Eichmann, un criminel nazi, elle émet le fait que, nul besoin de haine pour expliquer le pire, la soumission à l'autorité suffit pour transformer un homme ordinaire en bourreau. Tout le monde serait donc capable un jour, dans un contexte donné, de devenir un Moi cruel. C'est cette idée que nous retrouvons dans Les Bienveillantes de Jonathan Littell. Effectivement, ce livre donne la parole à un criminel, Max Aue, officier SS, qui se dépeint, qui raconte les pires atrocités, sa participation aux massacres nazis sans remords ni regrets. Pourquoi faire le bien? Pourquoi faire le mal? Comment les hommes ordinaires peuvent-ils devenir des bourreaux? Le concept d'Hanna Arendt, qui, en aucun cas, ne disculpe pas les auteurs de crimes, pose des interrogations essentielles sur la nature humaine : nous allons donc nous intéresser à la question du mal dans ce roman.
En s'interdisant de penser, de se poser des questions, de juger le bien et le mal, le nazi se contente d'obéir, et c'est cette obéissance qui banalise l'horreur. Aue, à travers son témoignage, veut se blanchir, se mettre hors de cause. A la vue de la jeune fille mourante, page 126, son sentiment de devoir et humain se confrontent : « (...)ce regard se planta en moi, j'étais une vulgaire poupée et ne ressentais rien, et en même temps je voulais de tout mon cœur me pencher et lui essuyer la terre et la sueur sur son front, lui caresser la joue et lui dire que ça allait, que tout irait pour le mieux, mais à la place je lui tirai convulsivement une balle dans la tête(...) ». Le regard de la jeune fille qu'il croise est essentiel : il provoque en lui une certaine sensibilité qui le destabilise. C’est connu : plus le bourreau se sent étranger à la victime, plus il l'élimine aisément. Tout devient possible dès

en relation

  • eichmann
    1455 mots | 6 pages
  • Le mal et la pensée chez hannah arendt
    1393 mots | 6 pages
  • Devoir de philosophie : explication d’un texte d’hannah arendt, extrait de la condition de l’homme moderne.
    1251 mots | 6 pages
  • CRISE DE L42DUCATION
    3045 mots | 13 pages
  • Inconnu à cette adresse
    409 mots | 2 pages
  • Arendt condition de l'homme moderne: imprévisibilité, irréversibilité, pardon et promesses
    2963 mots | 12 pages
  • Fiche Hannah Arendt Du Mensonge La Violence
    535 mots | 3 pages
  • Le thème de la guerre dans shutter island
    269 mots | 2 pages
  • Hannah arendt
    1175 mots | 5 pages
  • hannah arendt
    1136 mots | 5 pages
  • Jean Tardieu Oradour
    563 mots | 3 pages
  • Les individus peuvent-il s'intégrer socialement après avoir été embrigadés dans une armée ?
    709 mots | 3 pages
  • Eichmann a jérusalem
    2435 mots | 10 pages
  • Les règles
    9563 mots | 39 pages
  • L’homme politique, la modernité et la culture
    2733 mots | 11 pages