La vision de Jean-Jacques Rousseau L'Homme est-il fondamentalement bon? À cette question, le philosophe Jean-Jacques Rousseau répondrait par l'affirmative : dans l'état nature, qui constitue la situation hypothétique de l'être humain avant d'entrer en société, l'Homme est bon. Cependant, le penseur soulignerait qu'être fondamentalement bon ne confère pas nécessairement la notion de moralité à un être. En effet, à l'état naturel, l'Homme ignore la différence entre le bien et le mal. Pour acquérir cette connaissance, l'être humain doit côtoyer de façon continue des individus qui commettent des gestes que l'Homme classera éventuellement de bien ou de mal. Or, dans l'état nature, ce n'est pas possible. L'Homme ne recherche pas la compagnie des autres : il ne désire que se maintenir en vie et satisfaire ses besoins fondamentaux. Ainsi, il ne développera pas la moralité. On peut donc qualifier la bonté de l'Homme, dans l'état naturel, d'innocente : l'homme ne fera pas de gestes criminels, mais ne réalisera pas non plus lucidement des actions qui bénéficieraient à autrui. L'Homme est comparable à l'animal ou à l'enfant : tous trois sont innocents, car ils ignorent la différence entre le bien et le mal. Le philosophe a d'ailleurs déjà écrit : «Tant qu'ils ne devinrent pas méchants, ils furent dispensés d'être bons1.» En d'autres mots, l'être humain dans l'état nature ne change pas et est dispensé de moralité. Le philosophe explique que la bonté innocente de l'Homme naturel provient de la combinaison de deux qualités : l'amour de soi et la pitié. En premier lieu, les actions commises par l'être humain naturel répondent de l'amour de soi, donc de l'instinct de survie de chacun. L'Homme ne commet pas de gestes négatifs ou positifs pour les autres : il ne cherche qu'à se conserver. L'Homme peut donc faire preuve d'égoïsme et de brutalité, mais ça ne fait pas de lui un être méchant, car il n'agira de la sorte que pour remplir ses besoins de base, comme tous les animaux.