L'oubli
L’oubli peut-il être un bienfait ?
C’est une question faussement troublante, car la réponse est absolument évidente et certaine : c’est oui ! Même si a priori l’oubli est une défaillance de la mémoire, donc un handicap.
Reprenons : Il faudra distinguer l’oubli individuel et l’oubli dont le sujet est un peuple ou une communauté. En ce qui concerne l’oubli individuel, il est ni bon ni mauvais, mais lié au fonctionnement de la mémoire. Si la perte de mémoire peut être une pathologie, c’est aussi le cas de l’hypermnésie, qui est une maladie grave et invalidante. Ensuite il faut distinguer oubli volontaire et oubli spontané, et aussi oubli et refoulement. Le refoulement peut être pathologique, tandis que l’oubli est normal. Mais oublier n’est pas effacer. C’est plutôt désactiver (comme quand on ferme un fichier sur son ordinateur).
En ce qui concerne les peuples : la question de l’histoire et de la préservation authentique du passé est un enjeu politique majeur (cf cours sur l’histoire) : « La lutte contre le pouvoir est la lutte de la mémoire contre l’oubli » ( Milan Kundera) et « Quiconque oublie son passé est condamné à le revivre » (Santayana). On peut évoquer la lutte contre le totalitarisme (cf 1984 de Orwell et la machine à broyer le passé afin de permettre la réécriture du Times). On peut citer aussi les commissions « Réconciliation et vérité » (comme en Afrique du Sud), dont la fonction est d’établir une relation clarifiée avec le passé - pour éviter une dénaturation des faits. Toutefois, ceci étant rappelé, il faut montrer la nécessité et la positivité de l’oubli. Nécessité : celui qui est incapable d’oublier est condamné à ruminer … c’est l’homme du ressentiment. Positivité : les traumatismes eux-mêmes doivent être surmontés. C’est ce qu’on appelle le travail du deuil : il faut parvenir à tourner la page, ce qui n’est en aucun cas effacer le passé. Oubli peut signifier :