L'évolution de la poésie durant les siècles
L'amour
Picasso Les demoiselles d'Avignon
SonnetMon âme a son secret, ma vie a son mystère,Un amour éternel en un moment conçu :Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,Elle suit son chemin, distraite et sans entendreCe murmure d'amour élevé sur ses pas.À l'austère devoir, pieusement fidèle,Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle" Quelle est donc cette femme ? " et ne comprendra pas.
Recueil : "Mes Heures Perdues Félix Arvers(1806-1850)
A***
Tu es mon amour depuis tant d'années,
Mon vertige devant tant d'attente,
Que rien ne peut vieillir , froidir,
Même ce qui attendait notre mort,
Ou lentement sut nous combattre,
Même ce qui nous est étranger,
Et mes éclipses et mes retours.
Fermée comme un volet de buis
Une extrême chance compacte
Est notre chaîne de montagnes,
Notre comprimante splendeur.
Je dit chance, ô ma martelée ;
Chacun de nous peut recevoir
La part de mystère de l'autre
Sans en répandre le secret ;
Et la douleur qui vient d'ailleurs
Trouve enfin sa séparation
Dans la chair de notre unité,
Trouve enfin sa route solaire
Au centre de notre nuée
Qu'elle déchire et recommence.
Je dis chance comme je le sens.
Tu as élevé le sommet
Que devra franchir mon attente
Quand demain disparaîtra.
René Char (1907-1988) L'amour et l'amitié en poésie.
Sonnet Astronomique
Alors que finissait la journée estivale,
Nous marchions, toi pendue à mon bras, moi rêvant
A ces mondes lointains dont je parle souvent
Aussi regardais-tu chaque étoile en rivale.
Au retour, à l'endroit où la côte dévale,
Tes genoux ont fléchi sous le charme énervant
De la soirée et des senteurs qu'avait le vent.
Vénus, dans l'ouest doré, sa