De la " fronde " des juges contre Allende en 1973, aux frasques du Procureur Stark aux États-Unis, en passant par l'appel des magistrats français à plus d'indépendance à l'égard du Garde des Sceaux, la question de la place de la justice dans la démocratie continue de se poser avec acuité et de façon constante. Le projet de réforme de la justice en France, a relancé la question de savoir s'il faut une justice indépendante. Les progrès de la démocratie et la consécration de l'État de droit plaident en faveur d'une indépendance de la justice tandis que la tradition politique jacobine et le souvenir des errances de l'histoire en la matière ont longtemps portée la suspicion sur les juges, accusée de vouloir gouverner -la spécificité française est ici particulièrement remarquable. L'indépendance de la justice est aujourd'hui largement comprise et acquise dans les démocraties, même s'il faut se garder de penser que l'indépendance est exempt de dangers et d'effets pervers. L'indépendance ne doit pas signifier une justice irresponsable. Consciente de ses devoirs et de son rôle, la justice doit-être moins indépendante, qu'autonome.
Ainsi, malgré la prégnance de la tradition jacobine, l'indépendance de la justice est un impératif démocratique désormais bien compris (I), qui ne doit pourtant pas faire oublier que indépendance n'est pas exemptes de dangers. Elle doit évoluer dans le sens d'une justice autonome et responsable (II).

En France la question de la place de la justice dans la société et dans l'État est en débat depuis le XVIème. Sans doute la réflexion a-t-elle avancée et des éléments de réponse ont été apportés, pour autant, la question de savoir si la justice est une autorité où un authentique pouvoir ne semble pas encore résolue et la prégnance de la culture jacobine a conduit a placer la justice dans une situation de relative subordination à l'égard des autres pouvoirs. Subordination dont la justice s'est peu à peu affranchie à mesure que l'État