Éducation investissement rentable
Envisagée du point de vue économique, l’éducation est un investissement. Elle représente, aujourd’hui, une dépense qui doit produire, demain, un supplément de richesse et de bienêtre. La dépense est élevée : elle constitue en France 6 à 7% du PIB, à quoi il convient d’ajouter le coût d’opportunité du temps passé à l’école ou à l’université, au cours duquel la société renonce au produit du travail productif des élèves et des étudiants et ceux-ci aux revenus correspondants. Certains effets de l’éducation, sur la santé, sur la démocratie, sur le développement personnel et intellectuel, sont inestimables et, de ce fait, difficilement mesurables. Sans les méconnaître, l’économiste se concentre en général sur une grandeur plus simple à quantifier et plus conforme à son champ de compétences : la richesse, mesurée par le produit intérieur brut ou par les revenus individuels, selon les axes d’analyse. Plus d’éducation produit-elle plus de richesse et dans quelles conditions ? Voici donc la double question posée à l’économie de l’éducation, en vue de l’évaluation du rendement de l’investissement éducatif. La première partie de la réponse semble évidente du point de vue du sens commun. Un fait statistique robuste et universel relie les salaires individuels au nombre d’années de formation initiale suivie par les salariés : selon les pays et les périodes, une année supplémentaire augmente de 5 à 10% les salaires en moyenne. Bien qu’il soit difficile de démêler, dans les différences de salaires, l’effet d’un ensemble de caractéristiques non-observées de l’effet direct de l’éducation (les plus doués pouvant être à la fois plus performants sur le marché du travail et plus armés pour prolonger leurs études), deux décennies d’efforts méthodologiques ont convaincu les économistes que cet ordre de grandeur des rendements privés reflète bien un effet causal de l’éducation (Card, 2001). Pour autant, ce rendement privé se traduit en rendement social à