Étude de l'incipite
L’incipit : p. 35 à 38
Exposé de grammaire : la proposition subordonnée.
Comme dans une pièce de théâtre, L’entretien entre D’Alembert et Diderot s’ouvre in medias res. Le dialogue entre les deux personnages a déjà commencé : D’Alembert renchérit sur l’idée de Diderot selon laquelle la négation de l’existence de Dieu est remplacée par la sensibilité « qualité générale et essentielle de la matière ». D’Alembert se montre sceptique, comme tout au long du dialogue, et son ami philosophe tente d’infléchir ses réticences. Par ce procédé, Diderot met en scène, met en voix, sa pensée et ses idées matérialistes.
La réflexion sur la sensibilité de la matière sert de point de départ. En effet, « si Dieu n’existe pas, ou si l’action d’un agent non matériel est inintelligible, comment rendre sensée l’idée que la sensibilité est propriété générale de la matière ? »1 La discussion a déjà commencé avant les premières lignes de L’Entretien. Elle fait écho à « la divergence de Diderot et de D’Alembert sur la manière de concevoir la matière »2. Cette divergence est « révélatrice de la différence voire de l’opposition de leurs perspectives épistémologiques, qui s’accuse de plus en plus en plus après la parution du premier volume de l’ Encyclopédie. Rappelons que D’Alembert considère caractérise la matière comme impénétrable. » 1
Le mouvement de cet incipit s’articule en deux temps. Du début jusqu’à « je ne vous entends pas » p. 36, les deux personnages posent le principe de la sensibilité de la matière. Ensuite, à partir de « Je m’explique » (p.36) et jusqu’à la fin de la p.38, ils établissent un rapport d’analogie entre le mouvement et la sensibilité, ou plus précisément entre la « sensibilité active » et la « force vive » et entre la « sensibilité inerte » et la « force morte ». Les idées matérialistes de Diderot n’ont jamais pris la forme d’un traité dogmatique.