Le Feu

par

Le réalisme poussé à l’extrême pour dire une horreur sans précédent

Puis il y a leur vie : la pluie, la boue, le vent glacial du Nord, la nourriture froide, la souffrance, la fatigue, le manque d’hygiène, la puanteur, rien n’y manque. Imaginez l’effet sur le lecteur de 1916, tenu à l’écart de ces terribles réalités ! Et puis il y a l’assaut, longuement décrit à la fin du roman, une action bestiale où nul clairon ne sonne, où rien ne compte que survivre et atteindre la tranchée ennemie pour s’y livrer à un massacre aveugle, où les camarades tombent fauchés comme des épis mûrs sous le feu des mitrailleuses ennemies. Et puis, surtout, il y a les morts, décrits avec un réalisme cru et sans concession, digne des pires films d’horreur : « À côté de têtes noires et cireuses de momies égyptiennes, grumeleuses de larves et de débris d’insectes, où des blancheurs de dents pointent dans des creux ; à côté de pauvres moignons assombris qui pullulent là, comme un champ de racines dénudées, on découvre des crânes nettoyés, jaunes, coiffés de chéchias de drap rouge dont la housse grise s’effrite comme du papyrus. Des fémurs sortent d’amas de loques agglutinées par de la boue

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