L’interprétation de Tartarin de Tarascon reste ouverte, mais le récit comporte assurément de nombreux enseignements. D’abord, Daudet touche à la question de la subjectivité propre aux récits que l’on peut faire d’événements. Son personnage, Tartarin, voit les choses non pas telles qu’elles sont, ou telles qu’elles se sont produites, mais uniquement « comme il veut qu’elles soient ». Ainsi, à ses yeux : un âne devient un lion, une femme bien différente de celle qu’il recherche finit par lui correspondre dans son esprit, et un traître à l’affût de la moindre occasion de sévir paraît un prince toujours obligeant.
« Au premier abord, elle parut au Tarasconnais plus petite et plus forte que la Mauresque de l’omnibus… Au fait, était-ce bien la même ? Mais ce soupçon ne fit que traverser le cerveau de Tartarin comme un éclair. »
Un autre exemple est le voyage à Shanghai de Tartarin, qui n’a jamais eu lieu, mais chacun, à Tarascon, a su se convaincre de sa réalité à force d’en parler. Ainsi, le roman condamne le comportement qui consiste à s’infliger une cécité volontaire lorsque lâ