Ces Flots Jumeaux

plus émouvant... auteur : Ralf Tauchmann Georges Brassens Depuis mon vieux Qu'au fond des cieux Tu as fait ton trou11 Il a coulé De l'eau sous les Ponts de chez nous Les bons enfants D'la rue de Vanves A la Gaîté12 L'un comme l'autre Au gré des flots Furent emportés. Mais aucun d'eux N'a fait fi de Son temps jadis Tous sont restés Du parti des Myosotis13 Tous ces pierrots14 Ont le coeur gros Mon vieux Léon En entendant Le moindre chant D'accordéon. Quel temps fait-il Chez les gentils15 De l'au-delà

mais le poète parle : « C’était l’heure où le bûcheron prépare son repas dans la haute montagne... » L’en même temps nous saisit. Ces images, innombrables dans Homère, sont à proprement parler les fruits du temps, les pailles au vent, la neige, les flots, ce qui ne peut être autre, ce qu’on ne voudrait pas autre. Ces comparaisons sont bien des ornements, mais qui concourent à régler nos pensées et nos sentiments selon la loi universelle. Il n’y a que la malice, c’est-à-dire la volonté indépendante

colère une fois, ni d'être sot toute sa vie parce qu'il a dit une fois un mot pour un autre, ni de craindre toujours ce qui lui a fait peur une fois. Mémoire nous tient assez par l'âge. Heureux donc, comme conseille le médecin, qui se lave aux flots océaniques, hors de lui et en lui-même, semblable à un linge dans le sillage, et qui lave aussi son esprit de cette funeste idée que l'on ne peut se laver de rien. C'est savoir dormir, et c'est un grand savoir. ALAIN. Le 16 mai 1926.

Karlémami? Alors c'eût été mon amante. Amante n'était encore qu'un mot ténébreux que je rencontrais souvent dans les tragédies de Corneille. Des amants s'embrassent et se promettent de dormir dans le même lit (étrange coutume: pourquoi pas dans des lits jumeaux comme nous faisions, ma mère et moi?). Je ne savais rien de plus mais sous la surface lumineuse de l'idée, je pressentais une masse velue. Frère, en tout cas, j'eusse été incestueux. J'y rêvais. Dérivation? Camouflage de sentiments interdits? C'est

coupée avant la fin. Mais pendant douze heures, l'antenne d'EPI 1 continua de bombarder Trio avec les images enregistrées de Hoover et de Léonova. Et Trio, objet scientifique parfaitement dénué d'opinion, les retransmit pendant douze heures à ses jumeaux et ses cousins qui ceinturaient le globe. A peu près les deux tiers d'entre eux émettaient avec assez de puissance pour être captés directement par les récepteurs particuliers. Chaque fois que les images recommençaient, la Traductrice traduisait les

colère une fois, ni d'être sot toute sa vie parce qu'il a dit une fois un mot pour un autre, ni de craindre toujours ce qui lui a fait peur une fois. Mémoire nous tient assez par l'âge. Heureux donc, comme conseille le médecin, qui se lave aux flots océaniques, hors de lui et en lui-même, semblable à un linge dans le sillage, et qui lave aussi son esprit de cette funeste idée que l'on ne peut se laver de rien. C'est savoir dormir, et c'est un grand savoir. ALAIN. Le 16 mai 1926. Sentiments

Karlémami? Alors c'eût été mon amante. Amante n'était encore qu'un mot ténébreux que je rencontrais souvent dans les tragédies de Corneille. Des amants s'embrassent et se promettent de dormir dans le même lit (étrange coutume: pourquoi pas dans des lits jumeaux comme nous faisions, ma mère et moi?). Je ne savais rien de plus mais sous la surface lumineuse de l'idée, je pressentais une masse velue. Frère, en tout cas, j'eusse été incestueux. J'y rêvais. Dérivation? Camouflage de sentiments interdits? C'est

coupée avant la fin. Mais pendant douze heures, l’antenne d’EPI 1 continua de bombarder Trio avec les images enregistrées de Hoover et de Léonova. Et Trio, objet scientifique parfaitement dénué d’opinion, les retransmit pendant douze heures à ses jumeaux et ses cousins qui ceinturaient le globe. A peu près les deux tiers d’entre eux émettaient avec assez de puissance pour être captés directement par les récepteurs particuliers. Chaque fois que les images recommençaient, la Traductrice traduisait les

de Lautréamont1 : Quand un élève interne, dans un lycée, est gouverné, pendant des années, qui sont des siècles, du matin jusqu’au soir et du soir jusqu’au lendemain, par un paria de la civilisation, qui a constamment les yeux sur lui, il sent les flots tumultueux d’une haine vivace, monter, comme une épaisse fumée, à son cerveau, qui lui paraît près d’éclater. Depuis le moment où on l’a jeté dans la prison, jusqu’à celui, qui s’approche, où il en sortira, une fièvre intense lui jaunit la face, rapproche

certains encore en vie, se tordant de douleur, des moribonds endurant d’étranges supplices… transformés en torche vivante, enterrés dans des excréments, ou se dévorant les uns les autres. Il entendait leurs plaintes lugubres qui résonnaient sur les flots. La femme leva les bras vers lui, tendant ses mains fines, à la manière d’une supplique. Qui êtes-vous ? hurla encore Langdon. Pour toute réponse, la femme souleva lentement son voile. Elle était d’une beauté saisissante, bien que plus âgée qu’il ne