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Tout d'abord, pour nous montrer l'expression du printemps et des signes, le poète nous place dans un décor très simple, comme le témoigne la photographie d'Izis accompagnant le poème : comme décrit, il est composé d'une « palissade » (v.1), d' « affiches mal collées » (v.3) , où se projettent « l'ombre d'un arbre décharné/et celle d'une réverbère pas encore allumé » (v.6-7). On peut être sensible à la pauvreté des matériaux : bois brut et papier déchiré notamment. C'est bien ce que Prévert met en exergue dans son poème par les adjectifs qualificatifs caractérisant le lieu : les affiches sont « mal collées » (v.3), le quartier est « pauvre » (v.2).
Pourtant, par la grâce d'un regard, celui du photographe sachant voir et révéler la secrète beauté du quotidien, les éléments urbains se métamorphosent. Prévert, ami d'Izis, rend hommage à ce travail de magicien. Izis est photographe au sens plein du terme : il saisit la poésie du monde puis, dans le secret de la chambre noire, la révéle et la fixe sur le papier (bain révélateur et fixateur). Les mots de la poésie révèlent et fixent à leur tour la beauté cachée du laid, du pauvre et du souffreteux quartier. On peut commenter le très bref vers 5 : composé d'un seul mot « illuminent », mis en valeur par le rejet et la métrique,