Beckett
I.UN DEBUT DE PIECE QUI TRANSGRESSE LES REGLES TRADITIONNELLES DE L’EXPOSITION THEATRALE Traditionnellement, une scène d’exposition a une fonction informative : elle fournit au spectateur les éléments nécessaires à la compréhension de la situation initiale : lieu, époque, personnages, données de l’intrigue. Ici, cette fonction est extrêmement réduite : seules qqs indications très partielles et ambiguës lui sont données. 1) Des indications spatio-temporelles imprécises : la didascalie initiale indique le lieu et le moment de l’ « histoire » tout en conservant un caractère d’indétermination. Le lieu : « route de campagne avec arbre » Un lieu d’errance désert, un no man’s land Un espace abstrait (cf. l’absence d’article) qui s’apparente à un repère mathématique : il est délimité par 2 axes géométriques : une ligne horizontale (la route), une ligne verticale (l’arbre). Donc un espace conceptuel qui ne favorise pas l’illusion du réel. Cette indication fait penser à un titre de tableau allégorique, la route symbolisant traditionnellement le destin de l’homme. Le lecteur comprend d’emblée qu’il s’agit d’un lieu symbolique. Le temps : « soir ». L’absence d’article montre qu’il ne s’agit pas d’un soir en particulier mais d’un soir parmi d’autres, pareil à ceux qui l’ont précédé et à ceux qui suivent. Impression que la pièce se déroule dans un temps qui lui est propre, hors du temps humain. Impression que la pièce ne commence pas ici mais qu’elle recommence. Au total, un espace-temps flou, abstrait, symbolique 2) Mêmes imprécisions concernant les personnages, dont on n’apprend que très peu de choses. Si le lecteur, de fait, est informé du nom des deux personnages, le spectateur, lui, ne connaît, dans ce