Camus
ALBERT CAMUS (1913-1960)
Le XXe siècle se caractérise par une extrême diversité de directions et d'expériences littéraires. Le trait commun consiste dans le fait qu'elles se proposent toutes de se différencier des expériences et des courants du siècle précédent. Cette différenciation s'opère sur deux plans: celui du contenu et celui de la forme. Quant à la forme on refuse la structure du roman traditionnel, balzacien surtout (caractérisé par une narration linéaire) et on rejette la philosophie déterministe positive. Sur le plan du contenu, le XXe siècle inaugure un nouveau type de réflexion sur la réalité d'où les valeurs traditionnelles censées être éternelles et absolues -la vérité, le bien, le beau- sont abolies; cela parce que le XXe siècle débute sous le signe du refus de la pensée métaphysique et théologique qui, jusque là avait imprégné non seulement le domaine de l'art mais aussi celui des sciences. Ce changement avait été très bien synthétisé par la célèbre phrase de Nietzsche: "Dieu est mort". Or, l'absence de la divinité, dernier repère de toute valeur, provoque le sentiment de l'absurde de l'existence. Ainsi, toute la création d'Albert Camus va se situer sous le signe de cette nouvelle manière de penser. On peut remarquer deux étapes dans l'évolution de la réflexion de Camus: il y a, dans une première étape, le sentiment de l'absurde existentiel et le sentiment de la solitude individuelle – l’ étape existentialiste. L`individu se retrouve seul au milieu d'un monde absourde car rien ne le fait appartenir à un système de valeurs communes. Les oeuvres qui illustrent le mieux cette étape sont Le Mythe de Sisyphe (essai philosophique) et le roman