Colonisation et transformation du politique en afrique du nord
Constitutionnalisme, démocratie et autoritarisme au Maroc et en Egypte
Jean-Noël Ferrié
Sur l’expansion du constitutionnalisme en Afrique du Nord, au lendemain des indépendances et dans la décennie qui suivit, l’essentiel si ce n’est tout semble avoir été écrit par Michel Camau (1984, 1979, 1975a, 1975b, 1975c, 1974, 1973, 1971a). Je voudrais simplement, ici, insister sur un fait précis qui semble de quelque conséquence quand on considère la dynamique politique des sociétés de l’Afrique du Nord et notamment du Maroc : l’intrication des arrangements constitutionnels typique du régime représentatif à la trame des enjeux politiques locaux et, tout particulièrement, sur la rupture radicale d’avec le passé que cette intrication révèle autant qu’elle l’entraîne. Certains auteurs on insisté sur le fait que les institutions étatiques ne correspondraient pas aux particularités des sociétés arabes et, de ce point de vue, que les arrangements constitutionnels importées depuis l’Europe ne parviendraient pas à réguler la vie politique en Afrique du Nord et au Proche-Orient. L’unique domination de l’autoritarisme dans la région a donné quelque apparence de réalité à ce point de vue simpliste et faux. Ce point de vue est simpliste car il ignore la généalogie de l’autoritarisme, en lui accordant, sans trop y regarder, une profondeur historique qu’il ne possède pas, cherchant dans le passé arabe la cause de faits qui découlent, pour la plupart, de la période coloniale ; il est faux parce qu’il confond l’autoritarisme et l’absolutisme, ignorant que l’autoritarisme et un dévoiement des institutions représentatives et non un régime sui generis. Ainsi, la colonisation aurait importé des institutions si étrangères au génie des peuples arabes que ceux-ci les auraient utilisés sans pouvoir y prendre leurs habitudes. Ironiquement, ce discours convenu se retrouve aussi bien chez