Paul Eluard, de son vrai nom Eugène Grindel, est l’un des fondateurs du mouvement surréaliste dont il s’est éloigné peu avant la guerre, vers 1937, pour se rapprocher des communistes. Le poème « Courage », publié de façon clandestine aux Editions de Minuit en 1943 sous l’occupation allemande, relate les souffrances du peuple parisien du temps de l’occupation allemande. Nous allons voir en quoi ce texte est un poème militant, un poème d’espoir, destiné à redonner « courage », comme l’indique son titre, aux Parisiens. A partir de l’évocation de Paris occupé et des images contrastées qu’offre cette ville, Eluard semble vouloir exprimer sa compassion, tout en incitant ses concitoyens à la révolte. Eluard consacre une grande partie de son poème à l’évocation de la capitale de la France et aux conditions de vie des Parisiens. Tout d’abord, la construction du poème met la ville en valeur : les dix premiers vers décrivent les dures conditions de vie imposées aux habitants de Paris, puis, du vers 11 au vers 24, le poète s’adresse directement à la ville, comme à une personne, avant de terminer en s’adressant à ses « frères », à partir du vers 25. De même, le mot « Paris », mentionné onze fois, est très souvent repris au début des vers ou des phrases, donnant l’impression d’une sorte de prière, d’incantation dédiée à la ville : « Paris a froid Paris a faim », v.1 ; « Paris ne mange plus » v.2 ; « Paris ma belle ville », v.16. De plus, Eluard recourt à une personnification de la ville (v.16) confondue avec ses habitants : il emploie à son propos le vocabulaire des sensations, comme la « faim » (v.1), le « froid » (v.1) ou la « fatigue » (v.24), le vocabulaire des sentiments (« Et la sagesse et la folie/ De Paris malheureux » v.6 et 7). Il lui prête une silhouette et des activités humaines, comme le montrent les vers 2 et 3. Il s’agit d’évoquer le sort des « pauvres » (v.5) et des « travailleurs » (v.10) qui habitent la ville et subissent durement les