Depersonalisation
37-125-A-10
Dépersonnalisation
O Saladini JP Luauté
Résumé. – La dépersonnalisation est définie, par le DSM-IV, comme une expérience prolongée et répétée d’un sentiment de détachement et d’une impression d’être devenu un observateur extérieur de son propre corps. La déréalisation est une altération de la perception, vécue comme le sentiment que le monde extérieur est étrange ou irréel. Redécouverte par le biais des troubles dissociatifs, la dépersonnalisation reste une entité transnosographique rencontrée dans de nombreuses pathologies psychiatriques. Les théories neurobiologiques suggèrent, à l’origine de la dépersonnalisation, l’hypothèse d’un dysfonctionnement d’un mécanisme adaptatif à une situation de danger vital. De nombreux arguments cliniques et neurophysiologiques font jouer actuellement un rôle central aux structures cérébrales censées être impliquées dans la gestion des émotions.
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Mots-clés : dépersonnalisation, déréalisation, troubles dissociatifs, neuropsychiatrie cognitive, émotion.
Introduction
La dépersonnalisation, selon la définition de Schilder [62] que nous privilégions, est un état dans lequel l’individu ne se reconnaît pas en tant que personnalité. Ceci s’exprime par l’altération des sentiments d’être et d’avoir un corps, d’être une personne ayant une identité, et, quand la dépersonnalisation s’associe à la déréalisation, de percevoir un monde approprié et réel. La dépersonnalisation appartient au cadre des pathologies de l’identité au même titre que les troubles dissociatifs de l’identité. À ce titre, elle se réfère d’un point de vue dynamique aux théories de la construction de la personnalité. Mais la dépersonnalisation fait aussi classiquement partie des troubles de la conscience de soi à côté des troubles du schéma corporel regroupant asomatognosies et cénestopathies [45]. Par ailleurs, la fréquence