« [Je suis] un anarchiste non pas de la terreur, mais avec le cœur. » Jacques Prévert, Paroles, Editions Gallimard, 1949

Paroles fut l’un des premiers grands succès de Jacques Prévert. Celui-ci contient des poèmes déroutants de par l’importance de leurs contenus, mais aussi par la simplicité avec laquelle ils sont écrits. Lorsque Jacques Prévert dit « [Je suis] un anarchiste non pas de la terreur, mais avec le cœur », il aurait voulu dire que sa manière relativement directe de raconter, d’évoquer, ou encore de dénoncer diverses choses dans ses poèmes ne se tient pas seulement à son côté révolté mais aussi grâce à l’expression de son avis et de son vécu à travers la littérature. Il aurait aussi voulu dire qu’un anarchiste ne se révolte pas toujours violemment, et que d’autres méthodes existent pour se faire entendre. Jacques Prévert a des idées fondamentales assez précises. Il n'a visiblement pas un bon souvenir de ses années d'études, critique l'église et se met -dans ses écrits- totalement contre la misère sociale et la guerre. Il choisit donc d'utiliser par la littérature des méthodes bien précises pour dévoiler son avis et faire parler. Tout au long de son recueil, Prévert a su manier sa plume finement, tout en parlant de cela et de bien d’autres thèmes encore. Mais alors, comment Prévert aborde-t-il des sujets aussi lourds de manière aussi directe que légère ? C’est à travers cette dissertation que cette question sera traitée tout en étant illustrée par des exemples typiques tirés de son œuvre.

Dans plusieurs de ses poèmes, Prévert aborde en général un premier thème léger et accessible pour tous, tel que l’amour, une situation du quotidien ou autre, et glisse en second lieu assez subtilement un thème plus lourd et parfois même « tabou ».
Par exemple dans « Barbara » (ibid. p.206), un poème qui raconte la misère connue à Brest à cause de la guerre mais à travers l’amour éprouvé pour une dénommée Barbara, femme dont nous ne connaissons pas clairement