Ce n’est pas le but de tout écrivain de susciter des sentiments à son lecteur à travers une réflexion sur son œuvre ? Dans une histoire, le lecteur se projette en s’identifiant au personnage ; il suscite naturellement en lui un intérêt, un envoûtement ou un rejet. Mais le lecteur peut se lasser, et se détacher complètement du personnage. Il peut se laisser emporter par ses différentes péripéties, et ainsi oublier le personnage en lui-même. Nous verrons comment le lecteur de roman se laisse en principe d’abord captiver par les aventures des héros puis dans quelle mesure le lecteur s’attache aux personnages qui laissent une empreinte durable dans leur esprit. Toutefois, le lecteur s’attache aux personnages qui laissent une empreinte dans leur esprit. Le lecteur a la possibilité de s’identifier aux personnages. Par exemple, au XIXème siècle, époque durant laquelle le roman est devenu le genre littéraire prédominant, les courants réalistes et naturalistes se développent. Ils dépeignent la réalité sans idéologie ni artifice. La société devient l’objet; les auteurs prennent pour sujets des personnages appartenant à la classe moyenne ou populaire. Avec Balzac par exemple, Eugénie Grandet représente la jeune fille éduquée sévèrement, amoureuse d’un homme qui ne l’épousera jamais. La description de leur vie permet de s’identifier plus rapidement à ces êtres fictifs. De plus, les similitudes entre le personnage de roman et l’être humain sont nombreuses. L’identification du lecteur est donc de plus en plus facile ; elle est plus naturelle que de s’identifier à un personnage héros. Dans Eldorado, de Laurent Gaudé, le lecteur suit les aventures d’un Soudanais qui cherche à émigrer. Tout au long de ses tribulations, on a envie qu’il réussisse : on s’attache au personnage. Cela développe diverses émotions au lecteur ; tristesse lorsqu’il lui arrive un malheur, joie quand l’histoire finit bien, sensations d’injustice ou de colère… Des sentiments qui sont