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Du libéralisme révolutionnaire à la Révolution illibérale
Une question bien trop rétrograde repoussera ici dès la deuxième ligne les esprits bien-pensants auxquels le titre n’aurait pas suffi : La France possédait-elle une maturité et une légitimité suffisantes pour décider en 1789 de son propre destin ? À tout le moins, elle a suivi la leçon d’un ancien maitre grec dispensant qu’« en persévérant, on arrive à tout ». C’est en persévérant que sont arrivées la Révolution et la fin de l’Ancien Régime.
Nous parlons de cette période suivant de quelques années la guerre d’indépendance américaine, injustement appelée révolution là où ne préexistait qu’une colonie. Nous parlons plus précisément de ces années couvrant le renversement de la monarchie, la suppression des classes sociales, et l’enlisement dans une crise politique sans précédent. Soient, pour nos amis persévérants, une révolution du lys deux siècles avant celle du jasmin, et un génocide du sang bleu -pour ne perdre personne.
De l’autre côté de la manche, l’Angleterre jouit d’une relative quiétude depuis la décapitation de Charles Ier en 1649, l’autoritarisme de Cromwell, et le renversement de Jacques II en 1688. Là encore pour nos amis persévérants, nous précisons que nous appellerons Révolution anglaise, Dictature militaire puis Putsch protestant, ce que l’histoire nationale a travesti en transition libérale, Lord protecteur et Glorieuse révolution.
De notre humble avis, le miracle au milieu de telles crises institutionnelles et sociales ne réside non pas dans la conception des révolutions successives mais dans l’indépendance de certains penseurs ayant vécu voir survécu à ces évènements. Car dans une Europe où les lumières recentrent l’individu autour de ses facultés intellectuelles et de sa raison, où les dogmes se substituent à la religion et la violence à l’ordre, c’est miracle qu’Edmund Burke fasse entendre sa voix. Son ton est celui d’un parlementaire d’origine irlandaise dont