droit civil
Droit et sciences sociales Baudouin DUPRET
INTRODUCTION
halshs-00197135, version 1 - 8 Jan 2008
Le droit constitue l’une des formes majeures d’ordonnancement des relations sociales. A ce titre, il a fait l’objet d’élaborations philosophiques, doctrinales et techniques extrêmement variées et abondantes, qui visaient à exploiter ses ressources d’instrument d’intervention dans le domaine de la vie en société. C’est avec la naissance des sciences sociales que le regard sur le droit s’est déplacé, qu’il est passé, pour reprendre l’expression de François Ost et Michel
Van de Kerchove (Ost & Van de Kerchove, 1991), de la scène au balcon. Le droit est alors devenu, non plus seulement une source de véridiction ou un instrument normatif, mais un objet d’enquête sociologique, anthropologique et linguistique. La multiplication des revues portant sur le droit dans une perspective non juridique atteste de l’importance de cette interrogation nouvelle. Ceci ne signifie naturellement pas que les sciences sociales du droit se présentent aujourd’hui de manière unifiée. La combinaison de plusieurs disciplines (le droit et les sciences sociales) et traditions juridiques (civiliste et anglo-saxonne, pour ne parler que d’elles) a entraîné l’apparition de multiples « foyers » (Serverin, 2000) de production sociojuridique. Il serait toutefois réducteur d’opposer trop radicalement les sciences sociales du droit telles qu’elles se sont développées à l’ombre de la Common Law à celles qui se sont inscrites dans des contextes juridiques de tradition civiliste. Dans les deux cas, il faut bien constater l’obstacle constitué par le dogmatisme juridique sur le chemin d’une analyse du droit informée par les sciences sociales. Dans les deux cas, il convient également de constater une double réticence : celle des juristes, qui hésitent à emboîter le pas des sciences sociales ; mais aussi celle des sciences sociales, qui ne