Droit et justice
On appelle droit l'ensemble des règles et des lois qui organisent la vie des hommes en société. Ce droit n'est pas nécessairement écrit : toutes les sociétés ont un droit ; or, nombre de sociétés sont restées sans écriture. On appelle droit coutumier l'ensemble des lois et des règles qui se transmettent par la seule tradition. Au cours de l'Histoire, le droit a tout permis, tout justifié, la trahison, l'exploitation, la torture, le meurtre. Même si justicia en latin vient de jus, le droit, même si « à bon droit » signifie « en toute justice », ce n'est pas la justice qui est la fonction du droit, sa raison d'être, mais l'ordre. C'est ce qu'exprime l'origine géométrique de la métaphore : l'adjectif droit, en français et dans de nombreuses autres langues, désigne ce qui n'est ni courbe ni tordu ; son contraire est tort, justement. Au sens figuré, le mot a une portée morale : être droit, c'est être honnête, n'être pas retors, la droiture, c'est l'honnêteté. Règle et règlement, rectitude et régularité renvoient pareillement à la ligne droite. Au sens objectif, le droit est l'ensemble des règles qu'une société impose à ses membres en vue de garantir ce qu'elle nomme et conçoit comme le bien commun, et dont la violation est sanctionnée. Le droit subjectif est le pouvoir que possède tout membre d'une société de faire tel ou tel acte, de jouir de telle ou telle chose, d'exiger d'autres individus ou de la collectivité telle ou telle prestation. Les droits subjectifs sont des possibilités d'action garanties par la loi. Possibilité d'agir est aussi une définition de la liberté : un droit, en cette acception, est une liberté. Le droit subjectif n'a de sens et de réalité qu'à travers le droit objectif.
A. Les fondements du droit : sur quoi le droit repose-t-il ? D'où viennent les lois ?
C'est le droit qui fonde la force, ou l'ordre, bref la réalité sociale. Encore fautil que ce droit soit luimême fondé, c'estàdire qu'il repose sur une autorité