Désolé
Le pardon, on en parle beaucoup aux Etats-Unis où l’on voudrait que Bill Clinton l’implore solennellement de ses concitoyens. Mais demander pardon exige moins de vertu que de l’accorder. Ce n’est d’ailleurs pas à cause de leur Président que le pardon revient, aujourd’hui, en Amérique, mais parce qu’il représente un acte profond et libérateur pour celui qui l’exerce. Nous avons demandé à notre correspondante aux Etats-Unis, Sophie Chiche, de mener l’enquête sur cette vogue qui affecte surtout les milieux psychologiquement avertis ou religieusement engagés. Car la masse de la population n’en est pas encore là. Un sondage récent sur la peine de mort faisait apparaître que si 75 % des Américains y restaient favorables, seuls 45 % estimaient qu’elle pouvait avoir une valeur dissuasive pour les criminels. Autrement dit, pour 30 %, il faut mettre à mort par vengeance.
Comment pardonner l’impardonnable ? " Le pardon est là précisément pour pardonner ce que nulle excuse ne saurait excuser, répond le philosophe Vladimir Jankélévitch. Il est fait pour les cas désespérés ou incurables. "
Pardonner ne signifie pas oublier. Au contraire, il faut se souvenir de l’offense pour pardonner. Mais, à l’inverse de la vengeance qui refuse l’oubli pour inscrire éternellement une dette de haine, le pardon nous délivre d’elle, nous libère d’un passé qui n’arrive pas à passer. D’où son utilité pour chacun tout au long de la vie.
" Pour me sentir vivante, retrouver en moi la paix, j’ai pardonné, raconte Elizabeth, 37 ans, violée par son père de 11 à 16 ans. Parce que