Essai de commentaire de fiche de lecture
Il mêle ainsi de très fines descriptions ethnographiques des salles d’attente à des données plus générales sur cette forme de consommation médicale, dont il restitue la rationalité et la logique, notamment à partir d’enquêtes dans trois établissements parisiens. L’intérêt du livre est de mettre en perspective le phénomène d’inflation des passages aux urgences en en n’omettant aucun aspect. Il insiste sur le rôle de l’offre dans la constitution de clientèles, la dynamique des institutions et des organisations qui luttent pour s’établir, l’influence politique des professions, les effets du monopole de la médecine et du remboursement des soins. Les interprétations unilatérales se trouvent ainsi réfutées au bénéfice d’une analyse précise qui nous aide à comprendre la pluralité des points de vue antagonistes.
L’accès de plus en plus massif de personnes relevant autant d’un traitement social que médical, s’écartant des « urgences vitales » (qui ne constituent au demeurant que 5 % des entrées), pose au corps médical hospitalier de nombreux problèmes. Le discours médical, qui demeure malheureusement le seul discours légitime capable de s’imposer sur la scène publique, nous le montre en parlant d’« urgences vraies » versus« bobologies » ou « fausses urgences ». Ces problèmes tiennent globalement d’une réticence à traiter une population non-sélectionnée, d’où la position très basse dans la hiérarchie hospitalière, sur laquelle passe vite l’auteur. En parlant de « pathologies sociales », les