eugénie grandet
Volume 3, Number 1
Le savoir moralisateur d’Eugénie Grandet
by Steven Urquhart
Queen's University
Souvent placé au rang des chefs-d’œuvre de la littératurefrançaise du XIXe siècle, Eugénie Grandet a fait davantage pour la réputation d’Honoré de Balzac qu’aucun autre roman.1 Ecrit en 1833, ce texte qui fait partie des Scènes de la vie de province, a suscité au fil des années de nombreuses lectures variées et des analyses d’ordre thématique, génétique, psychanalytique, comparatif et formel. Bien que ces analyses aient contribué grandement à notre compréhension des personnages, de la richesse du texte et du talent de l’écrivain, il existe toujours une problématique importante de l’œuvre à explorer, notamment celle de la morale du texte. Dans l’étude d’Eugénie Grandet, la tendance naturelle semble être de tout simplement constater que c’est un roman de mœurs.En effet, presque toutes les études sur le texte, quel que soit l’objet particulier de leur analyse, ont souligné l’importance de la critique par rapport à l’avarice, la vanité et l’égoïsme qui caractérisent les personnages tels que M. Grandet et son neveu Charles ainsi que les conséquences de tels défauts. Quant aux personnages principaux féminins du récit que le narrateur prend plutôt en pitié, on remarque en examinant de près le texte qu’elles aussi ont leurs propres défauts et qu’à la fin du roman, Madame Grandet et
Eugénie, comme les hommes du récit, connaissent une fin malheureuse. Quoique l’idée
The South Carolina Modern Language Review
Volume 3, Number 1
de l’ascension spirituelle de ces deux femmes à travers le renoncement à la vie terrestre interprétation de certains critiques - justifie leur sort et constitue une lecture tout à fait plausible de la morale du texte,2 l’auteur semble faire une observation plus profonde, audelà de cette explication transparente sur la nature de la corruption humaine. Etant donné
l’ambiguïté