Francais le sport
Année scolaire 2007/2008 Coefficient :03
Texte :
Contre le sport.
Je suis contre. Je suis contre parce qu’il y a un ministre des Sports et qu’il n’y a pas de ministre du Bonheur (on n’a pas fini de m’entendre parler du bonheur, qui est le seul but raisonnable de l’existence). Quant au sport, qui a besoin d’un ministre (pour un tas de raison, d’ailleurs, qui n’ont rien à voir avec le sport), voilà ce qui se passe : quarante mille personnes s’assoient sur les gradins d’un stade et vingt-deux types tapent du pied dans un ballon. Ajoutons suivant les régions un demi-million de gens qui jouent au concours de pronostics, et vous avez ce qu’on appelle le sport. C’est un spectacle, un jeu, une combine ; on dit aussi une profession : il y a les professionnels et les amateurs. Professionnels et amateurs ne sont que vingt-deux ou vingt-six au maximum ; les sportifs qui sont assis sur les gradins, avec des banderoles, des porte-voix et des nerfs sont quarante, cinquante ou cent mille ; on rêve de stades d’un million de places dans des pays où il manque cent mille lits dans des hôpitaux, et vous pouvez parier à coup sûr que le stade finira par être construit et les malades continueront à ne pas être soignés comme il faut par manque de place. Le sport est sacré ; or, c’est la plus belle escroquerie des temps modernes. Il n’est pas vrai que ce soit la santé, il n’est pas vrai que ce soit la beauté ; il n’est pas vrai que ce soit la vertu, il n’est pas vrai que ce soit le signe de la civilisation. […] A une époque où on ne faisait pas de sport, on montait au mont Blanc par des voies non frayées ; les grandes expéditions des sportifs qui vont soi-disant conquérir les Everest ne s’élèveraient pas plus haut que la tour Eiffel, s’ils n’étaient presque portés par des indigènes du pays qui ne sont pas du tout des sportifs. Quand Jazy court (en France, en Belgique, en Suède,