Francis ball
La société de communication tient-elle toutes ses promesses ? Souvent, l’accent est mis davantage sur les moyens de la communication que sur la réalité des relations créées entre les hommes. Trop souvent, la croyance – justifiée – dans un effet bénéfique de la communication sur le fonctionnement social se traduit par l’idée que le seul fait de communiquer suffit pour vivre harmonieusement en société. Il suffirait alors de donner à tous les moyens de communiquer et la capacité de s’en servir pour résoudre tous les problèmes. Nul doute que les projets actuels d’autoroutes de l’information, qui fleurissent partout dans le monde industrialisé, procèdent plus ou moins directement d’une telle inspiration. La communication, ainsi, donne lieu à bien des amalgames : elle devient une clé universelle, capable de résoudre aussi bien les troubles de la personnalité que les difficultés de management dans l’entreprise. Appliquée indifféremment à tous les problèmes, elle devient souvent l’instrument du consensus et de l’harmonisation des valeurs et des comportements, au risque d’occulter ou de nier les conflits et les différences. Elle devient aussi, parfois, un instrument de pouvoir au service de ceux qui ont accès aux médias et qui bénéficient de leur impact et de leur image, dont naissent la notoriété et la célébrité. Souvent, de ce fait, le processus de constitution de l’information, au sens de l’établissement d’un savoir, est occulté au profit du processus de communication. L’accent est mis sur celui qui communique un savoir devenu message, davantage que sur celui qui élabore ce savoir. Cet effet pervers touche même des fonctions dont l’extrême spécialisation semble les mettre à l’abri des excès médiatiques : ainsi, la recherche scientifique, par exemple, se trouve de plus en plus liée, dans son organisation même, à la communication des résultats de la recherche. Le prestige et la