Frontières du roman
I- Introduction
Les paradoxes d’un genre
On observe sur le continent européen une certaine fortune romanesque ; le roman domine les genres, et on le remarque aujourd’hui par les rentrées littéraires (700 nouveaux romans, et 400 romans au fil de l’année). Cette abondance correspond aux attentes des lecteurs.
Le roman est manifestement le support littéraire préféré pour la lecture et a fortiori l’écriture.
De plus, l’archétype de l’écrivain est le romancier. Le roman est devenu la plus spontanée, la plus simple et la plus accessible des formes.
Qu’est-ce qu’un roman ?
Il est difficile d’y apporter une définition tant le genre romanesque est variable. Déjà Maupassant parle de frontières trop floues dans la préface de Pierre et Jean.
Quelle définition donner à ce genre omniprésent qui lie épistolaire, picaresque,… ?
Dans le dictionnaire de Furetière, on peut lire : « Livres fabuleux qui contiennent des histoires d’amour et de chevalerie inventées pour divertir et occuper des fainéants. »
L’Académie française parle « d’ouvrage ordinairement en prose, contenant des aventures fabuleuses d’amour ou de guerre. »
Dans l’Encyclopédie de Diderot, on peut lire : « Récit fictif de diverses aventures, extraordinaires ou vraisemblables, de la vie des hommes. »
On observe donc plusieurs fluctuations terminologiques :
- Le XVIIème siècle insiste sur le fabuleux, les aventures imaginées pour le charme.
- Au XVIIIème siècle le récit est déjà plus vraisemblable, acceptable par la raison, mais qui a pour sujet la chevalerie. De plus, on peut sentir la présence d’un contrat de lecture, mettant en avant la vraisemblabilité, passé avec le lecteur.
- Au XIXème siècle, il s’agit plus d’un tableau de la société ; un simple reflet.
- Le XXème parle d’une illusion de la réalité offerte aux lecteurs.
Ces échantillons de définition montrent des problèmes :
- Certains le définissent d’abord par la forme (la prose)
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