Genèse de l'interculturaité
2010-2011/Master 1
I. Les dilemmes de la culture
a)Approche diachronique : culture/civilisation
Culture/nature La culture s’oppose à la nature, comme l’acquis à l’inné. Si la nature regroupe tout ce qui relève du « donné » (ce qui est biologique, instinctif en particulier), la culture relève en général du « fabriqué », d’un apprentissage et suppose une communauté de référence, à partir de laquelle ces éléments d’acquisition prennent forme et sens. Il est difficile, malgré cette position de principe, d’établir une ligne de démarcation entre ce qui, chez l’homme, serait « naturel » d’un côté, et « culturel » de l’autre. C’est ce qu’on cherche à exprimer quand on dit que l’homme est un être naturellement culturel, même si Kant a rappelé que cette inclination vers la culture, et donc vers le groupe, était contrebalancée par une tendance à l’isolement : « J’entends ici, par antagonisme, l’insociable sociabilité des hommes, c’est-à-dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublée d’une répulsion générale à le faire […] ». Quoi qu’il en soit, nombre d’habitudes « culturelles » sont perçues par ceux qui les pratiquent comme « naturelles » parce qu’elles font partie de leur expérience depuis la naissance. C’est pourquoi on peut dire que la culture est la manière par laquelle s’exprime la nature humaine. Lorsqu’on considère la culture, sous l’angle d’une dialectique avec la nature, on serait tenté de penser que, de tout temps, on a tenu que chaque groupe humain, chaque communauté avait développé une culture. Or, il faut reconnaître qu’il n’en est rien : à travers des mots ou expressions comme « sauvage », « état primitif », on a émis l’idée que seuls quelques peuples avaient développé une culture digne de ce nom, les autres se contentant de vivre dans un état proche de celui de nature. D’où la nécessité de réfléchir au couple culture/civilisation.
Culture/civilisation