Guerre froide
De la Grande Alliance à l’affrontement armé Est-Ouest
(1944-1950) : origines de la Guerre froide et débats historiographiques
Justine Faure Jusqu’à la fin des années 1980, trois écoles historiographiques, composées essentiellement d’historiens américains, se sont succédées dans l’étude des origines de la Guerre froide. La première, dite classique ou orthodoxe, imputait l’entière responsabilité du déclenchement de la Guerre froide à une URSS perçue comme fondamentalement expansionniste. Puis, dans les années 1960-1970, une nouvelle génération d’historiens, dits « révisionnistes », adopta le point de vue inverse : l’impérialisme des États-Unis, guidés par la recherche permanente de nouveaux marchés, était responsable du conflit. Enfin, dans les années 1970-1980, les historiens post-révisionnistes rompirent avec leurs aînés, refusant d’établir des responsabilités pour réfléchir en terme d’intérêt national : Américains et Soviétiques ne souhaitaient pas la disparition de la Grande Alliance mais leur diplomatie, bien qu’uniquement destinée à consolider leur propre camp, fut perçue comme offensive et agressive par l’autre superpuissance. Ce serait donc un mélange de malentendus, d’interprétation erronées et de réactions mal calibrées qui déclencha la Guerre froide. Depuis 1989, l’historiographie de l’affrontement Est-Ouest a connu plusieurs évolutions 1 . La première est thématique, avec l’étude des aspects sociaux ou culturels de l’affrontement Est-Ouest 2 . La deuxième est géographique : l’histoire de la Guerre froide s’est éloignée du récit des relations américano-soviétiques pour s’enrichir d’autres acteurs. Dans les années 1980 déjà, l’Europe de l’Ouest, et en particulier la Grande-Bretagne, avait été réintégrée