Dans son Introduction à la lecture de Hegel, le philosophe, Alexandre Kojève, définit l'homme par la conscience de soi. « l'homme -écrit-il- est conscient de soi. (...) et c'est en ceci qu'il diffère essentiellement de l'animal ». Cependant, cette conscience de soi, propre à l'homme est-elle donnée, innée, immédiate ou bien est-elle acquise et à supposer qu'elle s'acquiert, comment s'acquiert-elle? Dans ce passage tiré de l'Esthétique, Hegel, philosophe allemand du XIXème siècle, développe la thèse selon laquelle la conscience de soi s'acquiert au terme d'un double mouvement d'introspection et de relations au monde extérieur. La conscience de soi n'est pas, pour Hegel, une donnée immédiate. Elle s'acquiert de deux façons ; d'une part « théoriquement », c'est à dire par un examen intérieur, une introspection (objet de la première partie du texte) ; d'autre part, « pratiquement », c'est-à-dire dans le rapport au monde extérieur : en le transformant, en y laissant son empreinte, l'homme s'y reconnaît comme dans un miroir (objet de la deuxième partie du texte). Nous nous proposons d'examiner cette thèse en cherchant à déterminer l'importance du rapport pratique dans la prise de conscience de soi. Est-il aussi important, voire plus fondamental que le rapport théorique à soi ?
[DEVELOPPEMENT]
PRECISONS D'EMBLEE QUE LA CONSCIENCE DE SOI DONT IL S'AGIT ICI N'EST PAS TANT LA CONSCIENCE DE L'EXISTENCE QUE DE L'IDENTITE OU DE LA PERSONNALITE ENCORE APPELEE LE « MOI » OU LE « SOI ». ELLE DESIGNE LA CONNAISSANCE (CONSCIENCE SIGNIFIANT ETYMOLOGIQUEMENT CUM SCIENTIA, C'EST-A-DIRE, AVEC SCIENCE OU CONNAISSANCE) PLUS OU MOINS CLAIRE QU'UN SUJET A DE LUI-MEME, DE SON INTERIORITE, DE SA PSYCHOLOGIE, DE SES ETATS D'AME. Dès la première phrase qui constitue une brève introduction à cet extrait, l'essentiel de la thèse est posé : la conscience n'est pas une donnée immédiate, elle s'acquiert, et ceci de « deux manières ». La structure du texte est alors suggérée ; on s'attend