Histoire de la franc-maçonneire
Ludovic Marcos,
Conservateur du musée de la franc-maçonnerie
Sources philosophiques et origines
Depuis l'Antiquité, divers courants philosophiques ont favorisé l'existence d'écoles et de filiations s'appuyant sur des rites communautaires, des transmissions graduelles. Certaines de ces écoles ont prôné l'égalité entre leurs membres et constitué des espaces de libre réflexion. Plus tard, certaines tendances du christianisme, dans le monde monastique ou à travers la résurgence de poussées " hérétiques ", attestent la permanence de ces thèmes et le désir évangélique de justice sociale, d'affirmation de la primauté de l'Amour, la perpétuation de règles de groupes et une quête de sagesse, y compris avec une part de rationalité et des revendications de libre-arbitre. La franc-maçonnerie va, plus ou moins consciemment, assumer cet héritage et l'amalgamer à la dynamique humaniste de la Renaissance et aux évolutions philosophiques qui s'ensuivent. Dans ces transmissions et cette élaboration, elle ajoutera au passage des éléments tirés de l'imaginaire chevaleresque, tel qu'il perdure en France à la fin de l'Ancien Régime.
Ce sont toutefois les corporations médiévales de bâtisseurs qui vont lui fournir un cadre. Ces structures perpétuent une culture de la pierre qui se manifeste dans l'organisation du Métier, l'importance de la solidarité interne, des signes et cérémonies d'admission et de reconnaissance. La franc-maçonnerie " spéculative " en conserve jusqu'à nos jours des éléments vestimentaires, des représentations emblématiques, une partie du vocabulaire et des bases rituelles. L'ancienne théorie de " l'acceptation ", qui expliquait cette mutation par une augmentation du nombre des non-manuels au sein de loges qui, de ce fait, auraient changé de nature, a été corrigée au profit d'une explication datée et comprise dans un cadre précis: celui du climat politique et religieux agité de l'Ecosse et de l'Angleterre au XVIIe siècle. Dans