Histoire de la presse d'investigation en france
Si la presse française voit le jour, sous le règne de Louis XIII et Richelieu, avec La Gazette (1631) de Théophraste Renaudot, le journalisme d’investigation, lui, n’apparaît qu’à la fin du XIXe siècle. Son émergence est le résultat d’une double influence : anglo-saxonne avec le modèle du grand reportage (notamment, le National Geographic) et française avec l’affaire Dreyfus qui sera l’occasion pour Emile Zola dans son J’accuse… ! (1898) de mettre en avant une nouvelle conception de la presse privilégiant l’enquête de terrain. De cette double filiation naîtra une vague de grands reporters, dont le plus célèbre durant l’entre-deux-guerres sera Albert Londres. Depuis la traite des Noirs (Terre d’ébène, 1929) à celle des Blanches (Le chemin de Buenos Aires, 1927) en passant par les bagnes militaires d’Afrique du Nord (Dante n’avait rien vu, 1924) et le drame des juifs sans patrie (Le juif errant est arrivé, 1930)… le plus grand des grands reporters
« court le monde, à la recherche, par métier et par goût, d’événements dramatiques et de figures d’exception. » Durant la Seconde Guerre mondiale, la presse collaborationniste est avant tout marquée par la corruption et la vénalité. Mais, dès la Libération, une nouvelle génération de journalistes reprend le flambeau de l’investigation et cherche ce que cache le paravent des discours officiels et de la scène politique instituée. Ainsi, dans les années 60 et 70, ce sont des figures telles que Gilles Perrault qui démonte l’enquête policière de l’affaire Ranucci (Le pull-over rouge) ou encore Pierre Péan qui provoque le scandale de l'affaire des diamants de Valéry Giscard d'Estaing (1979) et relancent la mentalité investigatrice des journaux. Parallèlement à cela, l’affaire du Watergate (1972-1974) révélée par deux localiers du Washington Post, Bob Woodward et Carl Bernstein, posera très clairement un jalon dans l’histoire du journalisme en général et dans celle du journalisme d’investigation en