Interculturel - La co-construction comme alternative à la tolérance
La co-construction comme alternative à la tolérance…
Le concept interculturel se décline sous toutes sortes de formes, souvent polémiques, parfois caricaturales, la plupart du temps suivant l’histoire intellectuelle et institutionnelle du concept dans un contexte culturel donné. Ainsi, les modèles anglo-saxons sont-ils différents des modèles latins - le vocabulaire européen préférant utiliser un compromis en terme de diversité (compétences transversales, éducation à la diversité). Certains envisagent l’interculturel en termes d’intégration et de tolérance ou encore d’inclusion et d’adaptation. D’autres privilégient une approche plus sociologique de lutte contre les préjugés/discriminations ou de discrimination positive. Le vocabulaire français est davantage d’inspiration psychologique et met en avant des stratégies identitaires ou encore le concept mixte d’identité culturelle. Les héritiers de Bourdieu1 travaillent sur la notion d’implicite culturel en lien avec la reproduction sociale. Multiculturalité, interculturalité, transculturalité, pluralité… tous ces termes ont une histoire et des connotations locales : il est intéressant d’en décoder les « illusions d’évidence », les implicites, les enjeux territoriaux.
Après vingt-cinq ans d’exploration en tous sens de la question des diversités culturelles, c’est la conceptualisation d’ITECO2 que nous considérerons ici comme la meilleure illustration actuelle du paradigme interculturel. Elle s'inspire de Margalit COHEN-EMERIQUE3 tout en replaçant la question culturelle dans une position complémentaire avec d’autres dimensions souvent sous-estimées par les observateurs du « choc culturel ». Ce modèle nous paraît particulièrement bien adapté à la plupart des demandes émises par les professionnels de l’action sociale : il permet de relativiser la question culturelle (tout ne se réduit pas à la culture) tout en ouvrant la « boîte » des implicites culturels (les décodages culturels peuvent aider à