Introduction sur l'évolution des échanges internationaux
Introduction
Beaucoup estiment encore aujourd’hui qu’Internet est un réseau décentralisé et sans hiérarchie, a-spatial voire déterritorialisé, gratuit ou presque dont le contenu serait partagé par une communauté (l’humanité) au sein de laquelle chacun aurait vocation à être ou devenir producteur. Le rêve de l’Internet gratuit, décentralisateur, universel, aux valeurs démocratiques a laissé place à une réalité bien différente. L’accès à cette technologie n’est pas universel : des lieux sont très bien connectés, d’autres à l’écart. L’Internet n’est pas véritablement un « bien commun » car il demeure contrôlé par les Etats-Unis et quelques grandes entreprises. Ses vertus décentralisatrices n’ont rien d’automatiques et des processus inverses peuvent être observés [Brown, 2002].
Enfin, sa « gratuité » n’est qu’apparente. Il produit de la valeur et fait donc l’objet d’une féroce compétition entre acteurs économiques (propriétaires des infrastructures, fournisseurs de services) ou politiques (agences gouvernementales, acteurs territoriaux). Et paradoxalement, la chute continuelle des prix, voire la prétendue gratuité qui ne touche que certains territoires est le résultat provisoire de cette bataille et ne saurait durer pour les utilisateurs finaux (ménages, collectivités locales, entreprises) qui coproduisent l’Internet mondial. La question du partage de cette valeur nous semble essentielle pour saisir l’articulation entre le développement du réseau et les territoires, les lieux de l’interconnexion qui restent les lieux de forte polarisation et de diffusion de l’innovation. Notre grille d’analyse privilégie les interactions de plusieurs variables : l’histoire, qui a tracé des chemins et donné des avantages comparatifs souvent décisifs ; l’évolution technologique, qui modifie les possibles et rebat les cartes entre territoires et acteurs ; la culture des