La communication au travail
La Communication au travail
Une critique des nouvelles formes de pouvoir dans les entreprises
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Collection « Communication en + »
Presses universitaires de Grenoble
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Chapitre I
L’INSTITUTIONNALISATION DE LA COMMUNICATION
DANS L’ENTREPRISE
L’analyse des logiques d’émergence de la communication déborde toute démarche sociologique, centrée exclusivement sur l’organisation.
Tenter d’en restituer les termes sans intégrer la régulation externe des rapports sociaux par le droit, ni tenir compte du caractère déterminant des contraintes économiques qui pèsent sur la production, revient à abstraire artificiellement l’objet même des analyses. C’est oublier que l’acteur, avant de devenir un salarié, n’est pas un être abstrait, mais un individu soumis à des pressions, indissociablement économiques et sociales, qui déterminent l’aliénation de sa force de travail. C’est ignorer, aussi, une grande partie des déterminants de son comportement de salarié, de ses manières d’être et d’agir, ainsi que les raisons pour lesquelles il souscrit à l’ordre de la production, adhère aux valeurs promues par les directions et s’approprie le discours officiel de l’entreprise. De même, appréhender l’organisation comme un être clos et autosuffisant revient à méconnaître son immersion dans un tissu économique où le concurrent dans la compétition devient parfois un partenaire, ne serait-ce que parce qu’il partage le sens et les valeurs du jeu économique. C’est aussi ignorer la transversalité des règles de droit et des rapports de force qui président à leur édiction, puis à leur application ou à leur non-application. En d’autres termes, une analyse purement sociologique conduirait à résumer la communication aux différentes formes de négociation auxquelles donnent lieu les stratégies d’acteurs dans le cadre restrictif d’un système clos et autosuffisant, sans